Arte dei popoli • Arts des peuples

Les arts tiennent une place centrale dans l'idée de culture. Cet espace est consacré aux arts des peuples européens . Uno spazio dedicato all’arte, che della cultura è ingrediente principale, tanto che spesso arte e cultura si identificano, assume in questa rivista una particolare rilevanza: Riflettiamo dunque sulla creatività come risposta alle situazioni difficili che purtroppo non mancano mai né dentro di noi né nel mondo che ci circonda.

 

PETITE BIBLIOTHÈQUE EUROPÉENNE (5) : Les accommodements raisonnables de Jean-Paul Dubois

• Les accommodements raisonnables, Jean-Paul Dubois, éd. L’Olivier
  
  Il est étonnant de voir que dans ce livre on retrouve tous les ingrédients disséminés dans l’ensemble de l’œuvre* de Jean-Paul Dubois et qui font la réputation de cet écrivain, sa marque de fabrique, son style, son empreinte. On retrouve la crise existentielle que traverse le personnage principal dans Kennedy et moi, la réflexion et le regard d’un étranger sur la société américaine (L’Amérique m’inquiète) et enfin la politique française de Une vie française. Jean-Paul Dubois est un auteur qui écrit depuis une vingtaine d’années maintenant ; auparavant il a été journaliste au Nouvel Observateur, Kennedy et moi, qui a été porté à l’écran par Sam Karmann (le rôle titre est tenu par Jean Pierre Bacri), lui a permis de se faire encore plus connaître du grand public. Une vie française remporte quelques prix (Fnac, Femina en 2004) et chaque parution de ses livres aujourd’hui est attendue (il y a deux ans Vous plaisantez, Monsieur Tanner avait eu bonne presse lors de la rentrée littéraire).
  Quelques mots sur l’intrigue. Paul Stern traverse un creux dans sa vie familiale puisque sa femme s’enferme dans une inexorable dépression. Poussée par son thérapeute elle décide d’intégrer une maison de repos sans soucier de l’avis de son mari. Les enfants du couple sont loin et s’assument tout seuls. Paul Stern ne sait plus où trouver conseil et réconfort car au même moment son père se lance dans une nouvelle vie grâce à un héritage inattendu et décide de tout plaquer (son entreprise de tondeuse) pour profiter au maximum du temps qui lui reste (y compris en ce qui concerne le sexe). Paul Stern décide d’accepter une offre qui s’apparente à une échappatoire, devenir scénariste sur une adaptation américaine d’un film français dans les studios d’Hollywood. Son rôle artistique est très limité, il est surtout là pour donner des conseils, des pistes grâce à sa vision d’européen tout en sachant qu’ils ne seront jamais suivis. Son « intérim » ne devait durer que quelques mois mais il tombe malheureusement en pleine grève des scénaristes et son séjour en Amérique va durer plus longtemps que prévu. Il a tout le loisir de faire un bilan de son existence, de la suite à donner de sa carrière d’écrivain, de sa vie de couple qui vacille, de son père qu’il ne comprend plus… Il a toujours des nouvelles de France par ce père qui suit avec attention la dernière campagne électorale, et la progression de la santé de sa femme. Mais tout se complique sur place quand une nouvelle stagiaire ressemblant étrangement à sa femme avec vingt ans de moins fait son apparition…
  Paul Stern est un peu comme Usbek l’un des personnages des Lettres Persanes de Montesquieu avec la naïveté en moins. Il pose son regard désabusé sur la société américaine, le pouvoir de l’argent, le fonctionnement des studios, la surconsommation. Certaines réflexions sont bien vues mais pour beaucoup ce sont des choses que l’on sait déjà n’évitant pas les clichés du genre. On peine à comprendre ce qui pousse ce personnage à partir aux Etats-Unis pour un boulot qui n’est pas vraiment le sien et dans lequel il se sent complètement discrédité, inutile comme une pure perte de temps. En revanche le style est plaisant, Paul rencontre des personnages haut en couleurs (ma palme revient au vieux réalisateur sur le retour que l’on sort d’on ne sait où, une vieille gloire qui connaît le métier mais qui n’a jamais eu la chance de recevoir le financement pour la réalisation d’un chef d’œuvre). Paul n’est pas à deux contradictions prêt puisqu’il ose critiquer ouvertement le comportement de son père, de porter un jugement sans concession sur sa nouvelle vie de dépensier mais curieusement il ne pose pas de question de sa propre attitude vis-à-vis de ses enfants (cette question n’est même pas évoquée dans le livre ce qui fait que Paul reste sympathique tout au long du livre ; mais peut-être que cette réflexion aurait apporté une nuance, une part d’ombre au personnage, cassant la tonalité légère du texte). Il y a beaucoup de déjà vu dans cette histoire d’un homme perdu dans ses questionnements existentielles, mais les scènes insolites et cocasses ne manquent pas dans ce roman compensant la faiblesse du propos.
  
  * Toute l’œuvre de Jean-Paul Dubois est publié chez L’Olivier et en poche en Points Seuil.
  
  
  David Goulois - Octobre 2008
  
  
   
  

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