Le livre dont nous avons choisi de vous parler ici est celui sur L’Europe par Alain Réguillon. Cet auteur est diplômé en relations internationales et directeur adjoint de la section française d’une organisation européenne de collectivités territoriales. Il organise ici son ouvrage en trois grandes parties : UNE DIMENSION TOUJOURS EN DEVENIR, UNE ECONOMIE SOCIALE DE MARCHE, UNE REALITE FORTE DANS LE MONDE regroupant des idées reçues telles que les plus classiques comme « La construction européenne s’est réalisée pour éviter de nouvelles guerres fratricides » ou « La France et l’Allemagne sont le moteur de l’Europe. » à certaines ancrée dans l’actualité comme « La politique agricole commune ne profite qu’aux paysans français. », « L’Europe, c’est la mort des services publics. » ou encore « En s’élargissant trop, l’Europe se fragilise. »
C'est bien par ce que les idées reçues sont tenaces, que la ténacité du débat sur l'Europe ne saurait s'arrêter au simple débat sur la Constitution. Nous avons, avec nos partenaires Néerlandais dont nous ne partageons pas la langue mais l'histoire, refusé ce texte. Nous ne nous en portons pas plus mal, semble-t-il.
En fait ce qui s'est exprimé dans ces deux refus, qui, en réalité ont des causes très différentes, c'est l'impératif de garder la nation et son Etat comme lieu du politique, plutôt que de l'hypothéquer pour un lieu hypothétique. L'expérience de la politique européenne manque dans le coeur des peuples et le libéralisme est vécu comme dissolvant, corrosif, et non comme une doctrine politique.
Pourtant, même si effectivement les forces qui meuvent les institutions de l'UE sont essentiellement celles du libéralisme, l'idée d'Europe politique trouve ses racines ailleurs, et la réalité de l'Europe mérite d'être présentée sous un autre jour.
C'est l'ambition de l'auteur de ce petit livre qui intéressera toute personne cherchant à faire rapidement et succinctement le tour et l'état de la question européenne. Concédant bien volontiers que "le chemin reste long pour doter l'Union d'une politique sociale aussi performante que dans certain Etats membres", ce petit livre intéressera ceux qui veulent "mesurer le chemin qu'il reste à parcourir pour que la dimension sociale des politiques européennes se hisse au niveau des efforts consentis pour l'économie et la monnaie".
Finalement, s'il reste encore beaucoup à dire dans le domaine de l'Europe sociale, encore beaucoup plus à faire dans ce domaine afin d'acquérir l'expérience et la maturité nécessaire pour faire marcher politiquement une Europe qui ne se substitue pas aux Etats, mais qui leur impose tout de même un cadre d'action relatif aux enjeux transnationaux, l'enthousiasme communicatif de l'auteur nous rappelle que c'est surtout de l'extérieur que l'on comprend le mieux ce qu'est l'Europe: Un modèle de développement pour le monde et pour le siècle à venir.
Car c'est bien l'articulation entre le communautaire et le régional qui se dessine comme modèle de coopération décentralisée entre différentes régions du monde. Si l'Europe d'aujourd'hui et de demain ne peut être que de cette complexité, il nous revient peut-être de comprendre que cette complexité est le prix à payer pour sortir de l'universalisme colonial.
Puissent les éditions du Cavalier Bleu nous servir de guide dans cette longue chevauchée politique afin de conquérir nos droits européens et surtout réaffirmer la place de l'Europe dans le monde.
F. Du Pasquier