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Les pages présentées ici ont pour sujet l'Europe comme ensemble ; cohérent ou pas ? 

LES EUROPEENS SELON HONORE DE BALZAC (N. Gobenceaux)


  • Balzac a voyagé, un peu ; ce ne fut pas ce qu’on appelle un grand voyageur, mais il traversa tout de même l’Europe, une fois pour aller rejoindre Mme Hanska à Saint-Pétersbourg, une fois pour rejoindre Mme Hanska chez elle, en Ukraine (la Pologne à l’époque), à Wierzchownia. Cette Mme Hanska fit voyager Balzac ; ils se retrouvèrent à Genève, à Vienne, à Dresde. Un autre voyage, une mascarade plutôt, fut aussi dû à une femme, la comtesse de Guibodoni-Visconti, une anglaise mariée à un italien ; pour elle, il alla régler quelques affaires dans la botte, il partit avec une femme déguisée en homme, en page ; mais ce déguisement n’abusa personne, et la supercherie fit parler ; par ailleurs, la femme en question fut ravie qu’on la prenne pour George Sand.


    Balzac a donc parcouru l’Europe et sa culture, en a mis dans ses romans. On retrouve les brumes romantiques de l’Allemagne dans L’Auberge rouge, on croise Dante en exil à Paris dans Les Proscrits, un Jésus Christ contemporain marchant sur l’eau entre l’île de Cadzant (aujourd’hui disparue) et la côte des Flandres dans Jésus Christ en Flandres, on philosophe avec le suédois Swedenborg dans Louis Lambert, on cite Lord Byron ou Goethe dans Modeste Mignon (« Ne m’avez-vous pas dit de Byron et de Goethe qu’ils étaient deux colosses d’égoïsme et de poésie? ») on déguste des glaces italiennes dans Massimilia Doni, on imagine la Norvège à partir du déjà imaginaire (voir mythique) Séraphîta, et caetera…, et caetera….


    Il souvent d’usage, lorsqu’on voyage, d’écrire sur les contrées nouvelles que l’on traverse, où l’on s’arrête. Balzac le fit peu, presque pas même. Il s’en explique au début de son seul récit de voyage, la Lettre sur Kiew, (qui relate plus le voyage pour aller jusqu’à Kiew plutôt que la ville en elle-même) : « On a, dans ces derniers. temps, tellement abusé. de l'idée, du fait voyage; que j'avais résolu de ne jamais rien publier, de même que je ne disais rien des pays que j'ai visités: d'abord pour ne pas être vulgaire, puis pour ne pas parler de moi, le je étant le pronom le plus ennuyeux que je sache pour un lecteur; »


    Balzac écrivit néanmoins une lettre à Mme Hanska, sa polonaise, sujette russe, habitant dans ce qui est aujourd’hui l’Ukraine, une lettre donc où « Il y a pour moi, mon chéri lplp., vingt-trois villes qui sont sacrées et que voici : Neuchâtel, Genève, Vienne, Pétersbourg, Dresde, Cannstadt, Carlsruhe, Strasbourg, Passy, Fontainebleau, Orléans, Bourges, Tours, Blois, Paris, Rotterdam, La Haye, Anvers, Bruxelles, Baden, Lyon, Toulon, Naples ».


    Liste hétéroclite, des plus grandes cités d’Europe aux petites villes de province, où Passy côtoie Pétersbourg, où Toulon côtoie Naples. On remarquera un centre, le Bassin parisien de l’île de France où il habite et de sa Touraine natale ; on relèvera une direction vers le Nord-Est, l’Allemagne, la Russie, les Pays-Bas ; on notera une timide direction vers le Sud et l’Italie, quelques passage par la Suisse.


    Liste hétéroclite où Neuchâtel est « un lys blanc », Genève « une ardeur de rêve », Pétersbourg « le salon bleu de la Neva », Dresde « la misère dans le bonheur », Strasbourg « l’amour savant », Orléans Tours, Bourges et Blois « sont des concertos », Paris, Rotterdam, La Haye, Anvers « sont des fleurs d’automne » etc…


    Liste hétéroclite de villes vues. Parce que Balzac a aussi écrit sur ce qu’il n’a pas forcément vu. Ses romans sont pleins d’images, de visions, de clichés sur les peuples d’Europe et de plus loin.


    Voici quelques visions balzaciennes de quelques pays d’Europe - liste non exhaustive - tirées de quelques-uns de ses romans.

     

     

    Du caractère des anglais

    Quand on a vu à Londres les palais du gin, on conçoit les sociétés de la tempérance.

    Traité des excitants modernes


    De l’inimitié ancestrale avec les mêmes anglais

     

    De tout temps, la France et l'Angleterre ont fait un échange de futilités d'autant plus suivi, qu'il échappe à la tyrannie des douanes. La mode que nous appelons anglaise à Paris se nomme française à Londres, et réciproquement. L'inimitié des deux peuples cesse en deux points, sur la question des mots et sur celle du vêtement. God save the King, l'air national de l'Angleterre, est une musique faite par Lulli pour les choeurs d'Esther ou d'Athalie. Les paniers apportés par une Anglaise à Paris furent inventés à Londres, on sait pourquoi, par une Française, la fameuse duchesse de Portsmouth ; on commença par s'en moquer si bien que la première Anglaise qui parut aux Tuileries faillit être écrasée par la foule ; mais ils furent adoptés. Cette mode a tyrannisé les femmes de l'Europe pendant un demi-siècle.  

     

    Des autres relations linguistiques entre la France et l’Angleterre

     

    Depuis dix ans, l'Angleterre nous a fait deux petits cadeaux linguistiques. A l'incroyable, au merveilleux, à l'élégant, ces trois héritiers des petits-maîtres dont l'étymologie est assez indécente, ont succédé le dandy, puis le lion.

     Albert Savarus

     

     

    De la différence entre les pratiques françaises et anglaises ?

     

    Les Anglais font les choses à coups de poings, en France elles se font à coups de phrases. Nos voisins ont une bataille, les Français jouent leur sort par de froides combinaisons élaborées avec calme.

    Albert Savarus

     

     

    De ce qui aujourd’hui s’appelle la mondialisation, mais qui finalement s’est de tout temps appelé l’occidentalisation…

     

    Enfin, le plaisir commence là où le raout finit. Le raout, cette froide revue du luxe, ce défilé d'amours-propres en grand costume, est une de ces inventions anglaises qui tendent à mécanifier les autres nations. L'Angleterre semble tenir à ce que le monde entier s'ennuie comme elle et autant qu'elle.

    Autre étude de femme

     

     

    Des pratiques similaires qui se retrouvent dans différents pays d’Europe, notamment à propos du mariage…

     

    mais en Angleterre, en Suisse, en Allemagne, on se marie à peu près d'après le système que j'ai suivi...

    Modeste Mignon

     

    N'est-il pas au moins singulier que les artisans de la Suisse et de l'Allemagne, que les grandes familles de France et d'Angleterre obéissent au même usage et se mettent en voyage après la cérémonie nuptiale? Les grands se tassent dans une boîte qui roule. Les petits s'en vont gaiement par les chemins,

    Béatrix

     

     

    De la vitalité des allemands…

     

    J’ose avancer que la pipe entre pour beaucoup dans la tranquilité de l’Allemagne ; elle dépouille l’homme d’une certaine portion de son énergie.

    Traité des excitants modernes

     

    il eut le bonheur de voir dans cette fille de la blonde Allemagne et de l'artiste français, une vigoureuse vie, une sensibilité profonde.

    Ursule Mirouët

     

    Une jeune fille de l'Allemagne, qui n'était pas, comme vous, une demi-Allemande, mais une Allemande tout entière, a, dans l'ivresse de ses vingt ans, adoré Goethe; elle en a fait son ami, sa religion, son dieu! tout en le sachant marié.

    Modeste Mignon

     

     

    De la perception des œuvres italiennes

     

    Tous deux savaient que les plus beaux portraits de Titien, de Raphaël et de Léonard de Vinci sont dus à des sentiments exaltés, qui, sous diverses conditions, engendrent d'ailleurs tous les chefs-d'oeuvre. […]Je ne te conseille pas de mettre de telles oeuvres au Salon, ajouta le grand peintre. Vois-tu, ces deux tableaux n'y seraient pas sentis. Ces couleurs vraies, ce travail prodigieux ne peuvent pas encore être appréciés, le public n'est plus accoutumé à tant de profondeur. Les tableaux que nous peignons, mon bon ami, sont des écrans, des paravents.

    La Maison du chat-qui-pelote

     

     

    De la perception des hommes politiques italiens

     

    UN ATTACHE D'AMBASSADE. -- Madame Firmiani ! N'est-elle pas d'Anvers ? J'ai vu cette femme-là bien belle il y a dix ans. Elle était alors à Rome. Les sujets appartenant à la classe des Attachés ont la manie de dire des mots à la Talleyrand, leur esprit est souvent si fin, que leurs aperçus sont imperceptibles ; ils ressemblent à ces joueurs de billard qui évitent les billes avec une adresse infinie. Ces individus sont généralement peu parleurs ; mais quand ils parlent, ils ne s'occupent que de l'Espagne, de Vienne, de l'Italie ou de Pétersbourg. Les noms de pays sont chez eux comme des ressorts, pressez-les, la sonnerie vous dira tous ses airs.

    Madame Firmiani

     

     

     

    De l’Espagne, le ciel

     

    L'amour, ma chère, répondit Granville avec une sorte de surprise ironique, vous n'êtes pas en état de le comprendre. Le ciel froid de la Normandie ne peut pas être celui de l'Espagne.

    Une double famille

     

     

    De l’Espagne, les nobles

     

    -- Enfin, lui dis-je, êtes-vous noble ou bourgeois?

    -- Vous savez, mademoiselle, qu'en Espagne tout le monde, même les mendiants, sont nobles.

    Mémoires de deux jeunes mariées

     

     

    Vous êtes beau comme un enfant de l'amour, je suis laid comme un grand d'Espagne; vous êtes aimé, je suis l'objet d'une répugnance inavouée;

    Mémoires de deux jeunes mariées

     

     

     

    De l’Espagne, le grotesque

     

    L'Espagne est le seul pays où il y ait des alcades attachés à de grandes manches, où se voient autour du cou des alcades, des fraises qui sur les théâtres de Paris sont la moitié de leur place et de leur gravité.

    Illusions perdues

     

     

    De l’Espagne, la femme idéale

     

    tandis que c'est une femme idéale qui se voit quelquefois en réalité dans l'Espagne, dans l'Italie, presque jamais en France.

    La Fille aux yeux d'or

     

     

     

    D’un point commun entre les femmes des différents pays évoqués ?

     

    En Italie, en Angleterre, en Espagne, les femmes se font un point d'honneur de laisser leurs maris se débattre avec les affaires; elles mettent à les ignorer la même persévérance que nos bourgeoises françaises déploient pour être au fait des affaires de la communauté.

    Le Cabinet des Antiques

     

     

    De la Russie de l’alcool et de la politique

    J’appelle la Russie, une autocratie soutenue par l’alcool. 

    Traité des excitants modernes





    Nathanaël GOBENCEAUX - Novembre 2009


    Nathanaël Gobenceaux a suivi des études de géographie appliquées à la littérature (le récit de voyage en Italie, Michel Butor). Il est actuellement médiateur culturel au musée Balzac de Saché. Il tient aussi le blog BALZAC (par de petites portes).

     


Tutti gli articoli

  • IL MITO NELLA CULTURA OCCIDENTALE (M. Bortolon)


    Popoli e culture da sempre hanno i loro miti. Nessuna società a noi nota ne è priva, fra le centinaia e migliaia che hanno popolato il pianeta nei millenni; a parte, forse (ma la tesi è molto dubbia), la nostra.
    Il dubbio, si può dire, è la norma, in quanto nello studio dei miti le incertezze e i disaccordi fra gli esperti sono assai numerosi, anche più di quanto non accada nei campi (già paurosamente controversi) della letteratura e della storia delle religioni. Alcuni punti fermi si possono trovare. Il mito (che in greco vuol dire parola, discorso) è una narrazione che svolge diverse funzioni: conoscitiva, sociale, sacrale. Ma già a questo livello è possibile fare delle obbiezioni…

  • EUROPE, ATLANTIQUE, CULTURE (Kenneth White)


    Kenneth White, poète, écrivain et essayiste, président-fondateur de l’Institut international de géopoétique (www.geopoetique.net) “Europe, Atlantique, culture” Texte tiré de la livraison 2005 de la brochure annuelle éditée par l’Institut international de géopoétique à l’intention de ses adhérents, Europe et géopoétique.
  • APERÇU SUR L’HISTOIRE DE L’INFLUENCE DE LA CULTURE FRANÇAISE SUR LA CULTURE ROUMAINE (billet roumain par M. Marginean)


    D’un point de vue culturel, les relations entre la Roumanie et la France apparaissent en 1699, quand fut publié par Nicolae Milescu-Spãtaru le premier document théologique chrétien écrit en langue latine. De plus, les chroniqueurs Miron Costin et Dimitrie Cantemir (1), deux des principaux écrivains de langue roumaine, utilisent beaucoup de mots d’origine française. Les relations culturelles avec la France crurent du fait de la nécessité de faire des traductions littéraires du français au roumain et de faire une bibliothèque avec des livres français.
  • EXCEPTION ET DIVERSITE CULTURELLE : L’AUDIOVISUEL AU CENTRE DES PREOCCUPATIONS EUROPEENNES. (1986-1998) (Yannick Sellier)


    Depuis les années 1980, le statut ambigu de la radio et de la télédiffusion pose problème aux Européens. Une analyse rapide des discours laisse supposer que, d’une manière générale, la Commission européenne fonde son intervention en tenant compte, plus volontiers, de la dimension matérielle de l’audiovisuel (entreprises de production, canaux de diffusion), tandis que les Etats- membres, la France en particulier, pensent leurs actions en fonction de sa dimension immatérielle (art, culture, identité). L’étude des archives nationales et de la presse fait apparaître une articulation de ces deux dimensions qui évolue au fur et à mesure des grandes négociations européennes (discussion des programmes de soutien) et internationales (GATT et AMI).
  • Des racines romaines et chrétiennes de l’Europe pour Michel Butor


    A la fin d’un entretien sur le thème de l’atlas est venue cette question :
    En ce moment, on parle beaucoup des racines chrétiennes de l’Europe. On peut admettre ces racines chrétiennes, mais il ne faut pas oublier que les Chrétiens se sont eux-mêmes basés sur les temples païens romains, donc les racines de l’Europe ne seraient-elles pas plus romaines que chrétiennes ?
    Michel Butor nous a livré une longue réponse que voici :

  • LES EUROPEENS SELON HONORE DE BALZAC (N. Gobenceaux)


    Balzac a voyagé, un peu ; ce ne fut pas ce qu’on appelle un grand voyageur, mais il traversa tout de même l’Europe, une fois pour aller rejoindre Mme Hanska à Saint-Pétersbourg, une fois pour rejoindre Mme Hanska chez elle, en Ukraine (la Pologne à l’époque), à Wierzchownia. Cette Mme Hanska fit voyager Balzac ; ils se retrouvèrent à Genève, à Vienne, à Dresde.






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