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Biblioforum


De Cortanze G., Une chambre à Turin, Ed. du Rocher, coll. La fantaisie du voyageur, 2001

  • Prenons en exergue cette phrase de François Taillandier que Gérard de Cortanze cite page 96 :
    « La littérature est en définitive le seul témoignage que nous ayons sur ce qu’est le monde »

    Dans cette collection ‘La fantaisie du voyageur’, justement chaque voyageur a sa fantaisie d’écriture ; autant J. M. de Montrémy nous présentait quelque chose qui avait plutôt trait au récit de voyage découvrant et nous faisant découvrir Valence, autant Gérard de Cortanze nous propose un voyage plus intérieur sur un lieu ancestralement (pour lui) connu : Turin et ses alentours. Bien sûr, l’auteur fait avant tout une plongée dans sa généalogie mais il n’en oublie pas pour autant d’évoquer le support spatial à cette histoire familiale : le Piémont.
    Outre l’histoire des illustres Roero di Cortanze (qui flirte avec l’histoire de l’Italie) on retrouvera dans ce texte plusieurs basses continues. Nous allons en évoquer quelques-unes qui vont nous intéresser plus particulièrement dans notre exploration de la culture européenne (et plus particulièrement italienne).


    [1ère basse] Le Piémont centrifuge
    « Tous ceux qui voient Turin pour la première fois vous le diront, l’étonnement vient du contraste entre les rues spacieuses, larges, monumentales et les échappées soudaines qui, au bout des rues, des promenades ouvrent sur la montagne. » Certes il y a Turin, au centre de ce livre – « c’est cela mon Turin, un Turin de morceaux lyriques, une somme unique au monde »-, mais Turin ouvre aussi sur un monde qui va de Trieste dans la littérature au Saint Ouen de son enfance en faisant escale en Sardaigne, à Milan entre autres. Evocations géographiques qui rejoignent l’Histoire « Dans la France du XIXè siècle, l’intégration italienne, contrairement à ce qu’on pense, ne s’est pas faite sans heurts » et de citer Maurice Barrès et Jules Guesde ; et de rappeller qu’ « une image stéréotypée fait de l’italien [d’alors] un briseur de grève et un anarchiste, un turbulent et un malpropre, un joueur d’accordéon et un paresseux qui ne se contente pas de voler le pain des français mais lui subtilise accessoirement sa femme. »

    [2ème basse] Pourquoi écrire
    Il y a la réponse de Savinio (le frère de de Chirico) qui semble écrire pour se faire un groupe d’ami par exemple ou pour peupler une solitude déjà surchargée. Comme Savinio « cherche l’âme secrète des choses derrière leur façade devenue méconnaissable », G. de Cortanze se rapproche de cela en cherchant comme il le dit l’âme secrète de sa biographie familiale. Et de s’expliquer plus loin : « D’où vient l’écriture ? Du désir de retrouver les fondations de l’être » C’est, dit-il, son passé familial qui le pousse à écrire parce qu’il veut savoir. Ecrire ce texte lui permet finalement d’avancer son projet en même temps qu’il l’écrit, revenant sur ce qu’il cherche régulièrement jusque même aux toutes dernières pages « Lors de ce voyage en Piémont, je me cherche autant sur les chemins de terre, les rues de la ville, que dans mes lectures. » car pour cet auteur « Ecrire c’est avant tout s’ouvrir aux autres, absorber , prendre ».

    [Basses évolutives] Les compagnons de voyage
    « Lorca, Zola, Cervantès seront les forêts qui me permettront de creuser dans les couches successives de mon histoire familiale. » Ces compagnons de voyages vont donc l’aider à définir sa relation avec cette ville de Turin. Paradoxalement à la citation -dans laquelle il cite des auteurs espagnols et français- c’est plutôt de Pavese qu’il se sent proche car ils partagent des racines communes établissant une certaine complicité quant à la lecture des paysages turinois ; ou encore de Nietzche qui trouve les places de la ville « graves et solonelles ». Il convoquera aussi Le Lorrain ou Erri de Luca et d’autres figures culturelles encore pour l’accompagner dans ce voyage.


    Cet ouvrage est donc un livre sur la mémoire d’un homme, d’une famille, de l’histoire, sur la mémoire tout simplement ; le texte est accompagné de photographies d’archives retraçant l’histoire de la famille, des personnages qui ont marqué l’auteur et qu’il évoque avec une écriture pudique (face notamment à un poids familial historique, l’auteur n’en impose pas) qui nous porte. Il tente ainsi de se réapproprier l’espace de ses ancêtres, notamment à travers certains de ses romans les plus récents comme les Vice-rois et Cyclone.
    G. de Cortanze se défend par ailleurs d’être un écrivain d’idées pour se situer en écrivain des sensations (« Dans le tissu dense de la vie, je recueille quelques images, des notes dans le bruit du monde, et les entoure de silence. »), mais ce livre nous emmène bien dans ces deux mondes souvent convergents, convergeant dans cette chambre … qui n’est précisément pas à Turin.


    N. Gobenceaux - Octobre 2008

     

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