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Biblioforum


André JOB, Koltès La Rhétorique vive éd. Hermann Lettres, 2009

  •  André Job se propose dans cet essai de nous démontrer la construction des discours dans les pièces de théâtre de Bernard Marie Koltès, et plus particulièrement avec les figures du Dealer et du Client, les deux personnages de Dans la solitude des champs de coton.

    Bernard Marie Koltès est un dramaturge français issu d’un milieu bourgeois qui s’est très vite inscrit dans la contestation, au même titre que Jean Genet qu’il prenait comme exemple. Présenté comme violent et lunaire il prend conscience de ses aspirations artistiques lors d’une représentation théâtrale de Médée avec Maria Casarès, il entre par la suite au Théâtre National de Strasbourg dans la section scénographie. Après avoir mis en scène une dizaine de pièces il se lance dans l’écriture de ses propres œuvres. En 1970 il crée sa troupe de théâtre nommée « théâtre du quai ». Il s’engage un temps politiquement au Parti Communiste, puis il se met à voyager un peu partout dans le monde, il est surtout fasciné par les Etats-Unis et New-York. En 1980 il rencontre Patrice Chéreau qui devient son metteur en scène attitré. Seulement Koltès est terriblement malade, il est atteint du SIDA, il en décédera à quarante et un ans. Toute l’œuvre de Koltès* est basée sur la rupture avec ses prédécesseurs du théâtre de l’absurde et tente de faire passer auprès des lecteurs et des spectateurs la solitude des êtres face au réel, la peur de la mort, la difficulté de trouver sa place. Ses textes les plus connus sont sans conteste Sallinger, Quai Ouest, Roberto Zucco (d’après un fait-divers), Dans la solitude des champs de coton, Combat de nègres et de chiens.

    André Job, dans les premières pages de son ouvrage intitulé Koltès La Rhétorique vive, revient sur ses questionnements personnels à propos de Koltès et ce qui l’a poussé à consacrer un livre de réflexion sur l’œuvre de ce dramaturge. Il émettait au départ des doutes dans la réelle qualité littéraire des pièces de Koltès qu’il considérait comme une mode, un phénomène éphémère, auteur culte de par sa mort soudaine en pleine ascension. C’est lors d’une représentation de Chéreau de Dans la solitude des champs de coton que Job prit conscience de la puissance du texte de cette pièce. On pouvait alors ranger Koltès au même titre qu’un Jean-Luc Lagarce autre dramaturge trop tôt disparu. Toujours dans les premières pages de son essai, Job fait remarquer que Koltès se joue de son lecteur et de son public. En effet le titre de la pièce fait penser dans l’imaginaire collectif à une histoire qui se déroulerait aux Etats-Unis en Louisiane avec comme personnages principaux des esclaves noirs travaillant à la récolte du coton avec tout le folklore qui accompagne comme le Blues, etc. Mais il ne s’agit pas de cela. Dans la solitude des champs de coton met en scène un dealer et un client, un noir et un blanc, qui vont effectuer une transaction, un marché basé sur le désir de l’un et le plaisir éprouvé par l’autre car il sait qu’il peut le satisfaire. Les deux personnages deviennent alors dépendants l’un de l’autre. Le deal est ici la source de toutes les stratégies, intimidations, tromperies, mensonges, séductions. Comme le dit Job le deal constitue la satisfaction « d’un désir ou un manque et non un besoin »**. Il fait remarquer et c’est la thèse de ce livre que la pièce convoque toute la tradition de la rhétorique classique dans la disposition du discours de chacun des personnages et dans leurs argumentations. En filigranes les dialogues font appel à la rhétorique dans l’art et la manière de bien disposer son discours, à la sophistique et l’art du syllogisme en philosophie (majeure/mineur/conclusion). Job y voit aussi dans le rapport entre les deux personnages un modèle qu’Hegel avait démontré, celui de la dialectique maître/esclave. Il résume d’ailleurs la pièce en « une scansion unique, à la fois imprévisible et vraisemblable » (p 69)**. L’œuvre fait aussi preuve de modernisme dans la mesure où elle fait référence à la psychanalyse lorsque dans la dernière partie de cet essai Job évoque l’ambiguïté de la parole des personnages qui emploie un double discours « piégé » par l’effet de l’inconscient qui agit à leur dépend.
    Enfin notre auteur entame une réflexion de la difficulté de mettre en scène une telle pièce. En effet elle est dépourvue de toutes didascalies, d’indices scéniques qui permettraient de guider le metteur vers une direction. Il faut directement puiser dans le texte, s’y aventurer et prendre ainsi le risque d’un choix à assumer. Ce qu’il faut surtout mettre en valeurs pour Job c’est la puissance de la parole, c’est dans cette richesse qu’il faut puiser.



    David Goulois - Mai 2009


    *l’intégralité de l’œuvre de Koltès est publiée aux Editions Minuits
    ** toutes les citations sont tirées du livre

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